Projet Tubungabunge Isi Ndimwa : formés pour former les agriculteurs

Une vingtaine d’encadreurs agricoles des communes de la province de Kayanza ont suivi  une formation du 30 janvier au 1er février 2024 sur la gestion de la matière organique dans le cadre du projet Tubungabunge Isi Ndimwa financé par l’Union européenne.

Au total, ils étaient 10 agronomes communaux et 10 animateurs communautaires venant de toutes les communes de la province de Kayanza ayant suivi une formation théorique et pratique  sur la gestion de la matière organique.

D’après Alain Kagisye, consultant et formateur, la matière organique cimente les particules minérales du sol entre elles et contribue à la stabilisation des agrégats.

«Une agrégation stable procure une bonne structure au sol et le rend moins compact, plus meuble et plus perméable à l’eau et à l’air », précise-t-il.

La  matière organique contribue à réduire les risques d’érosion hydrique et d’érosion éolienne des sols, ajoute Ferdinand Nkurunziza, encadreur agricole en commune de Gahombo.

« Nous avons appris que des agrégats stables sont plus difficiles à déplacer par l’eau de ruissellement et par le vent », indique-t-il.

L’eau de surface s’infiltre  mieux entre les agrégats qu’entre les fines particules, affirme ce technicien agronome.

Parmi les éléments d’une bonne gestion de la matière organique  abordés, les formateurs ont surtout insisté sur  la structure et la porosité du sol, sa rétention en eau ainsi que la lutte contre l’érosion.

Les apprenants engagés à vulgariser les connaissances acquises

7h 23 sur la colline Butezi, zone Rukago, commune Gahombo. Ferdinand Nkurunziza arrive à moto. Il était très attendu par une vingtaine de personnes membres d’un groupement local répartis sur 7 collines de la commune Gahombo.

Après une brève séance de prière, le chef de colline introduit l’animateur  du jour. Celui-ci revient en détails sur le rôle de la matière organique dans la protection des sols, sa création, sa conservation ainsi que la manière de réhabiliter un sol qui l’a déjà perdue.

«Le  labour répétitif entraine  la fragilisation du sol par une plus grande exposition à l’érosion, la compaction des couches profondes du sol par la création de semelles de labour et l’altération et la diminution de la matière organique en surface », déclare l’encadreur Ferdinand devant un public très attentif.

Puis, vient le moment des échanges et des témoignages.

« Nous avons toujours cultivé sans tenir compte de tout ce que nous venons d’apprendre et le rendement de nos champs n’a cessé de diminuer au fil des années », se plaint Raphael Ntiruhungwa, agriculteur de 64 ans.

De son côté, Géraldine Minani, 58 ans, affirme que sur sa colline, la mauvaise récolte est parfois associée aux mauvais esprits et à l’ensorcellement.

«Il m’est arrivé à plusieurs occasions d’aller consulter un sorcier pour savoir qui parmi les voisins nous avait causé du tort alors que notre propriété était à la merci des effets de l’érosion », conclut cette mère de 8 enfants.

En plus des connaissances en matière agricole, cette formation pourra contribuer à baisser les tensions communautaires liées notamment à des croyances superstitieuses, se réjouit  Violette Manirakiza, jeune femme de 43 ans.

Albéric NDAYIRUKIYE

Plateforme pour la gestion durable de la fertilité des sols

Burundi : bientôt une nouvelle plateforme pour la gestion durable de la fertilité des sols

Une réunion d’échanges  entre les responsables du ministère en charge de l’agriculture, les chercheurs, les universitaires et les agriculteurs réunis en coopératives a eu lieu le 20 décembre 2023 à Bujumbura.  Il s’agissait d’une 2eme rencontre de haut niveau après celle du 14 avril 2023 qui avait planché  sur la nécessité de rassembler tous les intervenants dans la fertilité des sols en  une même plateforme dans le cadre du projet Tubungabunge Isi ndimwa, financé par l’Union européenne. Des avancées notables.

Plateforme pour la gestion durable de la fertilité des sols
Plateforme pour la gestion durable de la fertilité des sols

Un nouvel organe  pour restaurer et protéger  la fertilité des sols

« Plus de 70 mille bénéficiaires directs des provinces Cankuzo, Karuzi, Kayanza, Kirundo et Ngozi ont été encadrés dans le cadre du projet Tubungabunge Isi Ndimwa et 38 milles d’entre eux ont suivi une formation en agro écologie », a indiqué  Roberto Cavallini, chargé de programme au Collectif Stratégies Alimentaires, CSA en sigle, pour le Burundi et la RDC dans sa présentation sur le bilan dudit projet.

«L’agriculture reste un secteur prioritaire pour l’Union européenne », a renchéri  Arnold Jacques De Dixmude, Chef de Secteur au bureau de la délégation de l’Union européenne au Burundi.

Pour lui, la stratégie adoptée est celle dite « de la ferme à l’assiette » en vue de rendre au sol la matière organique.

Le représentant du ministre en charge de l’agriculture qui procédait à l’ouverture de l’atelier a salué le pas franchi par le projet Tubungabunge Isi Ndimwa en matière d’agro écologie et de protection de la fertilité des sols.

«Le gouvernement est engagé à renforcer et protéger la fertilité  des sols », a précisé  Emmanuel Ndorimana, assistant du ministre. D’après ce responsable, la nouvelle plateforme devrait être innovante.

Plateforme pour la gestion durable de la fertilité des sols

La structure de la plateforme en gestation

D’après un document élaboré par des experts et soumis au participants pour analyse et amendements, la plateforme devrait être un cadre spécifique d’échanges et de développement des synergies des différents acteurs du secteur agriculture   et fertilité des sols.

Pour Alain- Gilbert Ndakoze de la FAO, ce nouveau cadre permettra à tous les intervenants d’avoir une vision commune sur les causes profondes et des solutions à la problématique de l’agriculture en général.

Un bureau composé de représentants du ministère en charge de l’agriculture, de la FAO et d’ONGs locales et internationales sera mis en place. La présidence et la co présidence seront assurées respectivement par le Ministère de l’Environnement, de l’Agriculture et de l’Elevage et la FAO tandis que le secrétariat reviendra à une ONG nationale ou internationale « ayant manifesté son engagement à appuyer techniquement et financièrement la plateforme », insiste le document.

Le nouveau bureau de la plateforme sera appuyé par un comité technique d’appui des experts issus de différentes institutions  pour plus d’efficacité et d’opérationnalité.

Le premier noyau choisi pour piloter la plateforme sera composé  de représentants du ministère en charge de l’agriculture, de la FAO, de l’ISABU, de l’Université du Burundi et d’ONGs locales et internationales.

Ce nouvel organe sera élargi à d’autres acteurs en fonction des besoins du moment d’après toujours les prévisions des experts.

Albéric NDAYIRUKIYE

L’urine humaine, un engrais méconnu, efficace et moins polluant

L’urine humaine, un engrais méconnu, efficace et moins polluant

L’urine, cette substance que tout être humain élimine tous les jours est un engrais naturel et écologique. En commune Rango de la province de Kayanza au nord du Burundi, cette pratique est largement utilisée pour stimuler la production agricole et réduire la dépendance aux engrais chimiques.

La collecte

Colline Nyabiyogi. 10H50. Artémie Kwizera, 42 ans reçoit chez elle une forte délégation composée de membres des organisations partenaires de l’ONG belge Broederlijk Delen ou BD en sigle à savoir l’ADISCO, l’INADES-FORMATION B

L’urine humaine, un engrais méconnu, efficace et moins polluant
Arthémie Kwizera,Agricultrice

urundi, la CTJEBU et l’UHACOM dans le cadre de la mise en œuvre du projet Tubungabunge isi ndimwa financé par l’Union européenne.

Après les salutations d’usage, Artémie procède à l’explication du processus de collecte d’urines humaines qui sont utilisées comme fertilisant.

« Cette toilette a été conçue  de manière à libérer  deux voies de sorties : une pour drainer les excréments humains d’un côté et une autre pour collecter les urines de l’autre », déclare cette mère de six enfants devant une foule de curieux.

 D’après toujours l’oratrice du jour, les urines collectées sont conservées dans un bidon hermétiquement fermé pendant 45 jours pour permettre à l’azote de se séparer de l’eau.

«L’urine est un engrais 100% naturel, très riche en nutriments pour les végétaux, comme l’azote, le phosphore ou le potassium », a renchéri Josiane Mpawenayo, animatrice à l’Adisco.

Pour elle, il faut diluer 50 cl d’urines dans un arrosoir de 10 litres et appliquer la dilution au goulot aux pieds des plantes sur un mètre carré  et répéter l’opération sur l’ensemble du potager. L’idéal serait de patienter 2 à 3 semaines entre deux applications, dit-elle.

 

Une alternative aux engrais chimiques

«L’urine va apporter beaucoup d’azote », précise l’animatrice Josiane. Or, ajoute-t-elle, l’azote favorise le développement des feuilles qui sont fragilisées par leur finesse, donc plus sensibles aux maladies pendant que les fruits se développent difficilement.

C’est à ce titre que l’apport d’engrais azoté doit être limité en saison de pluies pour accompagner le départ végétatif.

Toutefois, les légumes-feuilles comme des choux très gourmands en azote pourront en recevoir même au-delà de la période pluviale durant toute  leur période de croissance.

Dans tous les cas, les apports d’urines doivent être arrêtés à un  mois avant les récoltes. Toutefois,  l’urine non diluée sur les plantes peut agir comme un désherbant en les brûlant, précise l’agronome de l’adisco.

Albéric NDAYIRUKIYE

L’ADISCO distribue des animaux avec des kits de médicaments de premiers secours à Marangara

L’ADISCO distribue des animaux avec des kits de médicaments de premiers secours à Marangara

L’Organisation Appui au développement Intégral et à la Solidarité sur les Collines, ADISCO en sigle a procédé à la distribution de chevrons en commune de Marangara de la province de Ngozi le 15 septembre 2023. 266 animaux ont été octroyés aux différents groupements répartis sur 14 collines, soit 19 chevrons par colline.

Les bénéficiaires sont des membres des Groupements d’entraide et de solidarité appelés littéralement en Kirundi «Imigwi yo Gutererana no Gufatana munda », IGG en sigle.

 L’ADISCO distribue des animaux avec des kits de médicaments de  premiers secours à Marangara
L’ADISCO distribue des animaux avec des kits de médicaments de premiers secours à Marangara

Comme le savoir-faire des éleveurs repose toujours sur l’alimentation des chèvres avec un fourrage de qualité et l’observation des animaux, les membres des IGG ont tous été sensibilisés pour planter du fourrage.

Pour Espérance Nduwimana de la colline Bihangare de la zone Giheta, chaque bénéficiaire doit fournir plus d’efforts pour bien entretenir le chevron afin de ne pas rompre la chaîne de solidarité.

Cette mère de cinq enfants précise  que chaque ménage devrait avoir des animaux d’élevage afin d’avoir de la fumure.

Toutefois, ajoute-t-elle, « des stocks de fourrage limités ou insuffisants impliquent nécessairement un impact négatif sur les résultats technico économiques attendus ».

 L’ADISCO distribue des animaux avec des kits de médicaments de  premiers secours à Marangara
L’ADISCO distribue des animaux avec des kits de médicaments de premiers secours à Marangara

«Les animaux qui ont été distribués aux bénéficiaires ont été préalablement vaccinés contre la peste des petits ruminants qui sévit dans la sous régions », a renchéri Gilbert Congera du ministère en charge de l’agriculture et de l’élevage.

Dans la seule province de Ngozi, l’Organisation Appui au développement Intégral et à la Solidarité sur les Collines compte distribuer 2850 chèvres en plus des vaccins et des kits de diagnostic de la peste de petits ruminants à raison de 407 animaux par commune.

 

Opérations de chaulage sur la colline Mugerera de la commune Kiremba

L’ADISCO engagée dans la lutte contre l’acidité des sols au nord du Burundi

L’Organisation Appui au développement Intégral et à la Solidarité sur les Collines, ADISCO en sigle a mené des opérations de chaulage sur la colline Mugerera de la commune Kiremba en province de Ngozi en date du 14 septembre 2023.

Sur les versants de la colline Mugerera, une foule de gens est massée le long de l’unique route en terre battue du coin. Ce n’était pas un jour de marché, mais ils attendaient l’arrivée d’une délégation de l’ADISCO.

Le rendez-vous avait été fixé pour montrer aux cultivateurs modèles soigneusement sélectionnés comment utiliser la chaux pour lutter efficacement contre l’acidité des sols.

Mugerera est une zone densément peuplée. La végétation a reculé devant l’action de l’homme. Le sol, plusieurs fois défriché et mal protégé a fini par s’acidifier. Sa structure est légère et brune.

« La chaux ne suffit pas à elle seule, il faut toujours protéger le sol contre l’érosion et continuer à utiliser les fertilisants », a lancé Paul Kanyebeti du programme dolomie à l’ADISCO. Pour lui, la chaud permet de ramener le Potentiel Hydrogène du sol à une valeur voisine de 7 qui est une échelle de mesure de l’acidité du sol.

«Même si la majorité de plantes peuvent se développer dans un sol acide, les rendements seront meilleurs en zone neutre », prévient-il.

Aux agriculteurs modèles, Mr Kanyebeti leur a demandé de transmettre fidèlement leurs savoirs.

Procédant à la démonstration de l’usage de la chaux, Mr Joël Manariyo, agronome au projet Tubungabunge isi ndimwa a rappelé aux agriculteurs que la chaux peut être apportée tous les deux ans, à raison de 25 kg sur une superficie d’ 1 are.

Malgré un travail abattu par les agents de terrain, quelques confessions religieuses empêchent à leurs adeptes d’utiliser la chaux, regrette l’agronome Manariyo.

« Après notre départ, certains responsables religieux réunissent leurs membres pour leur dire que l’usage de la chaux porte préjudice à leurs doctrines et qu’à la fin ce produit détruit les champs », a-t-il martelé.

L’usage de la chaux, a-t-il poursuivi, délie les particules d’argile et évite ainsi que le sol ne devienne trop collant en période de pluie et trop dur et sec en période sèche. La terre devenue légère, a-t-il conclu, devient plus perméable à l’air et à l’eau.

 Albéric NDAYIRUKIYE

 

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